Le Mur collectif résume à lui seul la vocation de Jidar-Rabat Street Art Festival. C’est là que bouillonnent les idées et le talent des street-artistes de demain, dans un joyeux esprit d’équipe. Sélectionnés à l’issue d’un appel à candidatures, 12 apprentis (jeunes artistes, étudiants en école d’art ou passionnés de street art) s’initient au muralisme en profitant de l’expérience de leurs aînés, dans une liberté de création et d’expérimentation totale. Cette année, l’artiste marocain Reda Boudina animera cet espace collaboratif qui a vu émerger en dix ans la plupart des grands noms de la scène urbaine actuelle.

Cette dixième édition du Mur collectif propose une relecture de l’héritage artistique marocain. Pour cela, Reda Boudina invite son équipe à s’approprier le vocabulaire pictural de trois figures de la peinture moderne : Mohamed Melehi, Farid Belkahia et Chaïbia Talal. La consigne n’est pas de reproduire leurs œuvres de façon littérale mais de s’inspirer de leur démarche enracinée dans l’imagerie vernaculaire marocaine, afin de créer un dialogue fécond entre patrimoine et création contemporaine.

Avenue Cheikh Maelainine, Agdal, Rabat, Maroc
 

Reda Boudina (Maroc)

Son premier contact avec l’art, ce sont les graffitis qu’il observait avec fascination du haut du pont surplombant la voie ferrée à Meknès, ville où il est né en 1995. Reda Boudina n’a que 15 ans quand il réalise ses premières fresques, qu’il signe RDS. Depuis, il a étudié aux Beaux-Arts de Tanger, avant de s’installer à Rabat où il travaille désormais. Convoquant une grande variété de médiums, ses œuvres s’articulent autour de la notion de modernité dans l’art et l’architecture dont il réinterprète le langage et les formes. Reda Boudina s’adonne également au wild style qu’il développe pour créer un style unique de lettrage en 3D.

Parce que les enfants sont les artistes de demain, la programmation de Jidar-Rabat Street Art Festival intègre cette année une nouvelle activité, les ateliers Jidar Kids. Cet espace de libre expression accueillera une cinquantaine d’élèves issus des écoles de la ville. Par petits groupes de huit, accompagnés de leurs professeurs, ils s’initieront à la création murale aux côtés de Mehdi Annassi, alias Machima, à qui l’on doit également l’affiche 2025 du festival représentant des enfants en train de dessiner au sol.

Ainsi, la jeune génération est invitée à réaliser une fresque commune, une façon ludique et pédagogique de prolonger l’univers graphique de Jidar en se plaçant à hauteur d’enfant, dans une ambiance festive et bienveillante, tout en perpétuant les valeurs fondatrices du festival : apprentissage, à travers l’exploration des couleurs et des formes ; partage, à la faveur d’un moment collectif en plein air ; et citoyenneté, en rendant les enfants acteurs de leur ville et de la préservation de leur héritage culturel. Les ateliers auront lieu du 15 au 17 mai et se concluront par la présentation du résultat final le 18 mai.

Avenue Cheikh Maelainine, Agdal, Rabat, Maroc
 

MACHIMA (Maroc)

C’est dans l’industrie du jeu vidéo que Mehdi Annassi, alias Machima, a démarré sa carrière en 2008. Entièrement autodidacte, ce Casablancais de 39 ans vit aujourd’hui de sa passion pour l’image sous toutes ses formes, de l’animation à l’illustration en passant par la réalisation de fresques murales. Il est notamment connu pour avoir co-créé la première revue indépendante de bande dessinée en darija, Skefkef. Élu « Créateur de l’année » aux Maroc Web Awards en 2015, Mehdi Annassi a récemment publié son premier roman graphique et signé plusieurs affiches pour les festivals Jidar et L’Boulevard.

@_annassi

Toujours avide d’explorer de nouveaux formats, Jidar-Rabat Street Art Festival investit cette année le parc Hassan II de Rabat avec l’installation « Paysages cubiques », composée de trois cubes de trois mètres de côté sur lesquels interviendront BlueCrab (Maroc), Hideyuki Katsumata (Japon) et Iván McGill (Espagne). Trois artistes et autant de façons de concevoir le dessin, entre bande dessinée, illustration et art graphique. Pendant deux semaines, chacun dans son style, ils recouvriront les faces vierges de leur cube afin de produire une œuvre pluridimensionnelle que le public découvrira lors de la visite guidée programmée les 17 et 18 mai.

Pendant ce temps, l’artiste marocain Ayoub Normal animera la fabrication d’un fanzine imprimé, dont les pages constitueront le prolongement graphique et éditorial des dessins réalisés sur les cubes. Ce fanzine sera présenté le 16 mai lors de l’enregistrement du podcast de Jidar. Dans cet épisode, BlueCrab, Hideyuki Katsumata et Iván McGill évoqueront les connexions entre leurs disciplines respectives.

Conçu comme une passerelle entre le muralisme et d’autres types de narration visuelle, le projet « Paysages cubiques » préfigure la future orientation artistique du festival, appelé à s’élargir au monde du dessin sous toutes ses formes.

 
HIDEYUKI KATSUMATA (Japon)

Créatures surnaturelles issues du folklore japonais, les yökai peuplent les fresques colorées et kaléidoscopiques de Hideyuki Katsumata. Cet artiste autodidacte, originaire de Tokyo, puise une partie de son inspiration dans les estampes traditionnelles et les mangas japonais. D’autres influences sont à l’œuvre, comme la culture populaire américaine. Fil conducteur de son œuvre, le personnage Hannautah incarne l’humour et l’imagination débordante de Hideyuki Katsumata, dont l’univers fantastique se déploie sur les murs du monde entier : Brésil, États-Unis, Thaïlande ou encore Europe.

@hanautah

IVAN MCGILL (Espagne)

La démarche d’Iván McGill trouve son point de départ dans la bande dessinée, dont il repousse les limites dans une approche expérimentale. Brisant les codes classiques du genre, ce jeune artiste né en 1997 à Madrid combine différents langages – animation, jeux vidéo et illustration – pour tracer les contours d’une réalité en mutation perpétuelle. L’identité numérique, le dataïsme et la surinformation sont au cœur de ses questionnements. Son travail est régulièrement présenté dans des festivals de bande dessinée indépendante et de transmédia, en Espagne et à l’international.

@ivanmcgill

BLUECRAB (Maroc)

BlueCrab est un artiste pluridisciplinaire né en 1997 à Tanger et aujourd’hui installé à Cadix, en Espagne. À travers le dessin et des interventions publiques sur des supports variés, il aborde des thèmes comme l’identité, l’exclusion et la résilience. L’énergie du street art et la brutalité du trait caractérisent son univers graphique, à la fois ludique et percutant, qui se nourrit à la marge et donne voix aux figures invisibles des villes qu’il traverse. Ses personnages habitent des mondes chaotiques et stratifiés, où affleurent les tensions sociales.

@bluuecrab

Rabat Art Explore #3 – Les 10 et 11 mai 2025 à 10h30
Gratuit, sur inscription.

En dix ans d’existence, Jidar-Rabat Street Art Festival a transformé le paysage urbain avec la réalisation de quelque 160 fresques murales. À la croisée des cultures du monde entier, ces récits visuels recèlent quantité d’histoires et d’anecdotes qui ne demandent qu’à être partagées. Pour les découvrir, le public a rendez-vous pour la 3e édition de Rabat Art Explore, une déambulation dans les rues de la ville au gré de ses fresques les plus emblématiques.

Cette année, trois circuits sont proposés, correspondant chacun à un quartier de Rabat : Hassan, Océan et Yacoub El Mansour. Pendant deux heures, touristes et habitants, en famille ou dans le cadre scolaire, amateurs d’art urbain ou simples curieux, bénéficieront des explications en darija, arabe, français ou anglais de leurs accompagnateurs, tous issus de la galaxie Jidar. Nouveauté 2025, l’application Jidar récemment créée enrichira ces visites guidées d’informations complémentaires, de parcours géolocalisés et d’une expérience interactive grâce à la mise en place de QR codes intégrés aux fresques murales.

Le programme et le formulaire d’inscription sont disponibles sur le site web ainsi que les pages Facebook et Instagram de Jidar-Rabat Street Art festival.